Gérer des bénéfices non distribués élevés : ce que les entreprises font avec les profits excédentaires

18 Nov 2024

Par Colleen Blackmore-Doucette, Présidente

Dans le contexte concurrentiel actuel, la conservation des bénéfices est une décision stratégique que de nombreuses entreprises doivent prendre pour soutenir leur croissance à long terme. Les bénéfices non distribués élevés, qui sont des bénéfices conservés dans l’entreprise plutôt que distribués sous forme de dividendes, sont souvent considérés comme le signe d’une entreprise en bonne santé, mais ils soulèvent également des questions importantes : comment les entreprises doivent-elles gérer cet excédent de trésorerie ? Et qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs et les parties prenantes ?

Les avantages des bénéfices non distribués

Les bénéfices non répartis représentent le bénéfice net cumulé d’une société qui n’a pas été versé sous forme de dividendes aux actionnaires. Ces fonds sont plutôt conservés au bilan pour être réinvestis dans l’entreprise ou utilisés à d’autres fins de la société. Les bénéfices non distribués élevés sont habituellement le reflet d’un rendement financier solide, ce qui laisse croire que l’entreprise a réussi à générer des bénéfices réguliers et à maintenir une approche prudente en matière de distribution de dividendes.

Pour de nombreuses organisations, les bénéfices non distribués constituent un coussin financier essentiel. Ils peuvent servir à financer l’expansion, à améliorer les infrastructures, à rembourser des dettes ou à investir dans la recherche et le développement. Il s’agit d’une façon pour les entreprises de réinvestir dans leur propre croissance sans avoir à prendre des dettes supplémentaires ou à diluer leurs actionnaires existants en émettant de nouvelles actions.

Que faire des bénéfices non distribués excédentaires ?

Bien que les bénéfices non distribués soient un atout pour l’entreprise, des niveaux élevés peuvent parfois soulever des questions sur la façon dont ces fonds devraient être utilisés. Les investisseurs et les analystes examinent souvent les bénéfices non répartis d’une entreprise pour déterminer s’ils sont utilisés efficacement ou s’ils ne font qu’accumuler sans but. Les entreprises peuvent utiliser plusieurs stratégies pour gérer des bénéfices non distribués importants :

  1. Réinvestissement dans l’entreprise : L’une des utilisations les plus courantes des bénéfices non répartis est le réinvestissement dans l’entreprise. Les entreprises peuvent utiliser ces fonds pour financer des dépenses en capital, comme de nouveaux équipements, des installations ou des mises à niveau technologiques. Par exemple, une entreprise de technologie pourrait utiliser les bénéfices non répartis pour financer la recherche et le développement (R-D) de nouveaux produits ou services. De même, les entreprises manufacturières pourraient réinvestir dans la modernisation de leurs lignes de production pour améliorer leur efficacité.
  2. Réduction de la dette : Une autre option prudente consiste à utiliser les bénéfices non distribués pour rembourser la dette existante. En réduisant les passifs, une entreprise peut réduire ses dépenses d’intérêt et améliorer sa santé financière. Cela peut être particulièrement important si une entreprise opère dans un environnement où les coûts d’emprunt augmentent ou si elle cherche à améliorer sa cote de crédit.
  3. Rachats d’actions : Si une entreprise estime que ses actions sont sous-évaluées, elle pourrait utiliser les bénéfices non répartis pour racheter des actions sur le marché. Les rachats d’actions peuvent contribuer à accroître le bénéfice par action (BPA) et à rendre le capital aux actionnaires, ce qui entraîne souvent une hausse du cours de l’action. Les rachats peuvent également être un moyen pour la direction de signaler la confiance dans les perspectives d’avenir de l’entreprise.
  4. Majorations de dividendes : Pour les sociétés ayant des antécédents de versement de dividendes, un bénéfice non distribué élevé pourrait inciter la direction à augmenter le versement de dividendes aux actionnaires. Cela peut être une option attrayante pour les investisseurs axés sur le revenu, en particulier ceux qui comptent sur des flux de trésorerie stables provenant de leurs investissements. Toutefois, des dividendes excessifs peuvent soulever des préoccupations quant à la capacité de l’entreprise à maintenir sa croissance future.
  5. Acquisitions et investissements stratégiques : CLes sociétés qui ont des bénéfices non distribués importants peuvent utiliser ces fonds pour acquérir d’autres entreprises, pénétrer de nouveaux marchés ou former des alliances stratégiques. Les acquisitions peuvent permettre une croissance et une diversification rapides, ce qui pourrait être plus rentable que l’expansion organique. Cependant, les acquisitions comportent aussi des risques, notamment si la société paie trop pour une acquisition ou ne parvient pas à l’intégrer efficacement.
  6. Constitution de réserves pour les incertitudes futures : Dans certains cas, surtout dans les secteurs qui connaissent une volatilité importante, les entreprises peuvent choisir de conserver leurs bénéfices non répartis comme réserve contre les ralentissements économiques ou les fluctuations du marché. Cette approche peut assurer la stabilité financière en période de crise ou permettre à l’entreprise de traverser des périodes de faible trésorerie sans avoir recours à un financement externe.

Le risque de détenir trop d’argent

Bien que le maintien de bénéfices non distribués élevés puisse constituer un avantage stratégique, il existe également des risques. Une des principales préoccupations des actionnaires est que les sociétés peuvent conserver de l’argent liquide sans plan clair pour son utilisation, ce qui peut entraîner des inefficacités. Dans certains cas, les investisseurs peuvent soutenir que la direction devrait être plus proactive en retournant de l’argent aux actionnaires ou en investissant dans des projets à rendement supérieur.

De plus, l’accumulation excessive des bénéfices non répartis peut indiquer que la direction ne déploie pas efficacement les ressources, ce qui pourrait entraîner la perte d’occasions de croissance ou d’innovation. Par exemple, une entreprise qui a des milliards de dollars en bénéfices non distribués mais qui ne les réinvestit pas dans ses activités peut être considérée comme stagnante ou manquant de vision.

Le rôle de la gouvernance d’entreprise

Une gouvernance d’entreprise efficace joue un rôle crucial dans la détermination de la façon dont les bénéfices non répartis sont gérés. Les conseils d’administration forts insisteront souvent sur un examen stratégique des bénéfices non répartis pour s’assurer qu’ils sont utilisés dans l’intérêt supérieur des actionnaires. De nombreuses entreprises ont des politiques de dividendes ou des cadres d’allocation du capital qui aident à guider les décisions sur le moment et la façon de déployer les bénéfices non distribués.

Dans certains cas, les investisseurs peuvent préconiser des changements de gestion s’ils estiment que les fonds sont mal gérés. Les investisseurs activistes, par exemple, peuvent demander des augmentations de dividendes ou des rachats d’actions s’ils estiment que la société accumule trop de liquidités.

Les bénéfices non distribués élevés peuvent être une épée à double tranchant. Bien qu’elles offrent une souplesse financière et puissent stimuler la croissance, les entreprises doivent évaluer soigneusement comment déployer ces fonds pour maximiser la valeur actionnariale et éviter les pièges de l’inefficacité ou de la stagnation. La clé est d’équilibrer les rendements à court terme des actionnaires avec les investissements stratégiques à long terme. Que ce soit par le biais de réinvestissements, de réductions de la dette, d’acquisitions ou de retours de capitaux aux actionnaires, les entreprises doivent démontrer que leurs bénéfices non distribués sont gérés avec sagesse, assurant une croissance durable et la création de valeur pour les années à venir.